L’histoire qui se cache derrière la rue des juifs à Blois
Au cœur de Blois se trouve une rue au nom intrigant : la rue des Juifs. Ce nom soulève des questions et suscite la curiosité des habitants et des visiteurs. Pour comprendre l’origine de cette appellation, il est nécessaire de remonter dans le temps et de se plonger dans l’histoire médiévale de la ville.
Au XIIe siècle, Blois abritait une petite mais active communauté juive. Entre 105 et 140 familles juives y résidaient, sans avoir de synagogue ni de quartier qui leur était réservé. Cependant, il est fort probable qu’elles vivaient principalement aux alentours de ce qui est maintenant connu sous le nom de rue des Juifs. À cette époque, les relations entre les habitants chrétiens de la ville et la communauté juive étaient relativement pacifiques et harmonieuses, de même qu’avec le comte de Blois, peut-on lire dans « Blois insolite et méconnu » (éditions Sutton).
Malheureusement, une sombre affaire allait bouleverser la vie de cette communauté. Dans des circonstances encore troubles, mais potentiellement liées à un différend passionnel, impliquant la nouvelle comtesse de Blois, Alix de France (1150-1198) – fille de Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine – et une jeune juive autrefois aimée par le comte Thibaud V (1152-1191), une machination fut ourdie pour accuser injustement la communauté juive.
On prétendit que les Juifs avaient utilisé le sang d’un enfant chrétien pour leurs rituels de la Pâque. Une fausse accusation fut ainsi lancée. Malgré les interventions du comte de Champagne, du roi et de plusieurs évêques, une trentaine de membres de la communauté juive furent brûlés vifs, à la Bouillie, sur la rive gauche de la Loire, le 26 mai 1171.
Cet événement tragique eut un retentissement considérable dans toutes les communautés juives d’Europe. Pour la première fois sur le continent européen, les Juifs furent accusés de meurtre rituel, une accusation qui, malheureusement, allait être reprise à maintes reprises par la suite et qui deviendra l’une des racines de l’antisémitisme.
Ainsi, la rue des Juifs à Blois est le témoignage vivant d’un épisode sombre de l’histoire, rappelant les persécutions subies par la communauté juive à travers les siècles. Ce nom de rue est un rappel poignant. D’où l’importance de préserver la mémoire collective et de transmettre l’histoire, afin de ne jamais reproduire les tragédies du passé.