Mort du pape François : « Un dernier message d’espérance », salue Mgr Bestion
Le pape François s’est éteint au Vatican ce lundi 21 avril 2025, jour du Lundi de Pâques, à l’âge de 88 ans. Jorge Mario Bergoglio, premier pape non européen depuis plus de douze siècles, a succombé à une pneumonie sévère, au terme de douze années de pontificat marquées par une volonté constante de réforme et de proximité avec les plus humbles. Quelques heures après l’annonce de son décès, le Saint-Siège a précisé qu’un transfert du corps vers la basilique Saint-Pierre était envisagé à partir de mercredi, pour permettre aux fidèles de lui rendre hommage.
« Le transfert du corps du Saint-Père à la basilique du Vatican pour l’hommage de tous les fidèles pourrait avoir lieu mercredi matin », a indiqué dans un communiqué le service de presse du Saint-Siège, cité par l’AFP. L’annonce définitive sera faite mardi, à l’issue de la première Congrégation générale des cardinaux, réunis à huis clos pour organiser les rites funéraires et préparer le prochain conclave.
Des funérailles simplifiées, selon ses vœux
François avait souhaité, de son vivant, que ses obsèques se déroulent « dans la simplicité », refusant la pompe associée aux traditions séculaires de l’Église romaine. Une volonté qui a été formalisée dans un nouvel Ordo exsequiarum Romani Pontificis, l’ordre des funérailles papales, approuvé en 2024.
Contrairement à ses prédécesseurs, son corps ne sera pas exposé sur un catafalque, mais placé dans un cercueil ouvert, dans un esprit de sobriété. Il a également supprimé le cérémonial de l’ultime adieu rendu par les autorités dans la chambre funéraire du Palais apostolique. Les dernières images de ce rite resteront celles des funérailles de Jean-Paul II en 2005 et de Benoît XVI en 2023.
La célébration eucharistique devrait, comme le veut la coutume depuis Paul VI, se tenir sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. La messe sera présidée par le doyen du Collège des cardinaux, Giovan Battista Re. L’inhumation, elle, marquera une rupture symbolique : François a demandé à être enterré non pas dans les grottes du Vatican, mais dans la basilique romaine de Santa Maria Maggiore, où il aimait prier devant l’icône de la Salus Populi Romani.
Le protocole en vigueur après le décès d’un pape
La mort du souverain pontife a été constatée dans sa chapelle privée par les autorités vaticanes. Le cardinal Camerlengo, Kevin Joseph Farrell, a ensuite rédigé l’acte de décès et pris en charge la résidence papale – dans ce cas, la Casa Santa Marta – dont il a apposé les sceaux.
Le corps de François, habillé de rouge selon la tradition, sera placé dans un cercueil de bois, contenant également une mitre, le pallium, des médailles de son pontificat, ainsi qu’un acte relatant brièvement son œuvre. Depuis Jean-Paul II, le Vatican privilégie la thanatopraxie, technique permettant la conservation temporaire du corps, abandonnant l’embaumement pratiqué jusqu’à Léon XIII.
Une Église en deuil, un conclave en préparation
À l’issue de la période de deuil de neuf jours – les Novendiales –, le Collège des cardinaux convoquera un conclave, vraisemblablement début mai, afin d’élire le 267e successeur de Pierre. Selon les nouvelles règles en vigueur depuis janvier 2025, seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent participer au scrutin : ils sont aujourd’hui 138 sur les 252 membres du Sacré Collège.
Cinq cardinaux français font partie de ce cercle électoral :
- Christophe Pierre, 77 ans, nonce apostolique aux États-Unis, expérimenté diplomate du Saint-Siège.
- Philippe Barbarin, 74 ans, archevêque émérite de Lyon, figure connue et parfois controversée.
- Dominique Mamberti, 72 ans, préfet du tribunal suprême de la signature apostolique, juriste respecté.
- Jean-Marc Aveline, 66 ans, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, proche du défunt pape.
- François-Xavier Bustillo, 55 ans, évêque d’Ajaccio, figure montante de l’épiscopat français.
Ces cardinaux auront la responsabilité de voter jusqu’à quatre fois par jour au sein de la chapelle Sixtine, jusqu’à ce qu’un candidat obtienne les deux tiers des suffrages. Le processus peut durer de quelques jours à plusieurs semaines, à l’image des conclaves précédents.
Les papabile : une succession ouverte
Si aucune figure ne s’impose encore clairement, plusieurs noms émergent parmi les papabile – les cardinaux jugés éligibles par leurs pairs.
- Pietro Parolin, 70 ans, secrétaire d’État du Vatican depuis 2013, fait figure de favori. Modéré et pragmatique, il incarne la continuité diplomatique du Saint-Siège.
- Peter Erdö, 72 ans, cardinal hongrois, théologien conservateur, attaché à une vision traditionnelle de la doctrine.
- Luis Antonio Tagle, 67 ans, pro-préfet au Dicastère pour l’Évangélisation, proche de François, ouvert sur les questions sociales. Premier pape asiatique potentiel.
Le cardinal Reinhard Marx (Allemagne) ou le cardinal Gerhard Müller, bien que présents, ne sont pas aujourd’hui considérés comme des favoris, leur influence ayant décliné ces dernières années.
La réaction de Mgr Francis Bestion, évêque de Blois
Dans un message adressé aux fidèles du diocèse, Mgr Francis Bestion a exprimé une vive émotion à l’annonce du décès du souverain pontife. « Émotion et surprise, car hier encore, nous l’avions vu sur nos écrans, certes très affaibli, mais trouvant encore la force de nous donner sa bénédiction pascale, urbi et orbi, et faisant même le tour de la place Saint-Pierre pour saluer les nombreux pèlerins », dit-il. Pour l’évêque de Blois, le pape François a offert « comme un dernier message […] sur l’espérance chrétienne » en rendant son âme à Dieu au lendemain de Pâques, « la fête de la résurrection », rappelant que « le fondement de votre espérance, c’est Jésus ressuscité ». Mgr Bestion a également évoqué les mots que François répétait inlassablement à la fin de l’Angélus : « S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. » Et de conclure son hommage : « Très Saint Père, nous prions pour vous à cette heure de votre Pâques, que le Père Miséricordieux vous accueille dans sa maison. Entre bon et fidèle serviteur dans la joie de ton maître. »
Une Église entre tradition et modernité
Avec la mort de François, l’Église catholique entre dans une phase de transition délicate. Réformateur attaché à une Église « pauvre pour les pauvres », partisan d’un dialogue interreligieux renforcé, Jorge Mario Bergoglio laisse derrière lui un héritage complexe, parfois contesté, mais déterminant.
Son pontificat aura été marqué par une volonté de rompre avec certaines rigidités institutionnelles, de simplifier les pratiques liturgiques et de rapprocher l’Église des périphéries. Son décès ouvre désormais la voie à de nouveaux équilibres, entre continuité franciscaine et redéfinition des orientations à venir. Le prochain conclave, dans sa part de mystère et de symbolique, déterminera le visage du catholicisme pour les années à venir.