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René Huin : une vie dédiée au karaté, au kobudo, à la transmission

Enfant du quartier des Allées, René Huin est une figure emblématique dans le monde des arts martiaux, particulièrement reconnu pour son excellence en karaté et en kobudo. Mais également pour ce qu’il apporte à la communauté, à Blois, depuis des années. Voici son portrait.

Les premières années

Inspiré dès son plus jeune âge par les films de Bruce Lee, René Huin a commencé sa pratique des arts martiaux à l’âge de 12 ans. « Oui, ils ont rapidement fait leur entrée dans ma vie. J’ai commencé par le judo et le karaté simultanément, car j’avais le même instructeur, Jo Cardot, un ancien qui n’est plus là. Mon cœur oscillait entre les deux disciplines, mais le karaté a rapidement capturé mon intérêt, notamment après avoir rencontré un monsieur qui s’appelait Jacky Grépilloux, un excellent karatéka qui, malheureusement, n’est plus parmi nous. Il m’a introduit à sa passion pour cet art, et depuis, je n’ai jamais cessé de pratiquer. Aujourd’hui, cela fait 51 ans que je pratique le karaté », nous dit le Blésois. « La raison pour laquelle j’ai été particulièrement attiré par cette discipline, je pense que c’est la rigueur qu’elle demande. Le geste parfait, la philosophie qui l’accompagne… Étant fils de militaire, la discipline a toujours eu une place importante dans ma vie. À la base, le karaté est un art martial militaire, ce qui, en tant que fils d’officier, a peut-être facilité mon attachement. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je suis tombé dedans et je n’ai jamais arrêté. »

Ce qui a débuté par une passion pour le karaté s’est transformé en une quête de perfectionnement technique et disciplinaire qui l’a mené à collectionner les médailles et à gravir les échelons jusqu’à obtenir son 6e dan en karaté. « Ma vie a été entièrement dédiée au karaté. C’est plus qu’une simple activité pour moi ; c’est une philosophie de vie, un pilier central, confie René. J’ai toujours cherché à être en contact avec les gens, avec les jeunes, car l’enseignement a toujours été une partie importante de ma pratique. Actuellement, je suis ceinture noire 6e dan. Mais personnellement, je n’ai jamais couru après les grades. »

Carrière dans les Arts Martiaux

Au fil des années, René Huin a participé à de nombreux championnats, où sa technique impeccable et son esprit de compétition lui ont valu de nombreuses récompenses. En 2014, il s’est lancé dans le kobudo, un art martial qui se concentre sur l’utilisation d’armes traditionnelles japonaises. Cette discipline l’a amené à concourir sur la scène internationale, culminant avec un titre de champion du monde en 2021.

« Depuis 2014, je me rends régulièrement au Japon pour approfondir ma pratique. Lors du passage de grade, j’ai présenté à la fois du karaté et du Kobudo. Ces voyages au Japon, entrepris avec mon ami Stéphane Fauchard, sont devenus une partie intégrante de ma pratique. Nous allons dans une école sur l’île d’Okinawa, là où est la source des arts martiaux, et où nous avons l’opportunité de passer des grades avec eux », explique le Blésois. « En termes de compétition, j’ai participé à des tournois dans différentes fédérations, la FFK et la WKF. Avec cette dernière j’ai un titre de champion du monde et un titre de vice-champion d’Europe. Dans l’autre, j’ai été médaille de bronze au Kobudo. J’y suis allé pour tester mes compétences. Malgré ces succès, je reste humble et dédié à la transmission de l’art. »

Fondation du Bushido Ken Blésois

En 2008, René Huin a fondé le Bushido Ken Blésois, un club dédié à la pratique et à l’enseignement du karaté et du kobudo. En tant que directeur technique, il a œuvré à faire du club un lieu d’excellence, attirant des centaines d’adhérents et formant une trentaine de ceintures noires. Son engagement dépasse l’enseignement technique pour inclure la promotion des valeurs fondamentales des arts martiaux. « L’honneur, le code, il y a une éthique à respecter. Les valeurs sont essentielles, mais malheureusement, elles tendent à disparaître. Je m’efforce de les maintenir vivantes sur le tatami à travers mon enseignement, en m’adressant à un public varié, notamment les jeunes des quartiers nord, observe René. Je ne me plains pas trop car ils comprennent vite que pour progresser il faut une assiduité. Je compare toujours les arts martiaux à la musique. Il faut d’abord apprendre le solfège. C’est la compétition qui les attire dans un premier temps, et c’est à nous de les emmener plus loin. » Le club est n°1 dans le département, tant en termes de résultats que de population (140 adhérents de 5 à 69 ans). Avec une parité totale et parfaite : 50% d’hommes et 50% de femmes.

Philosophie et contribution

Au-delà des titres et des médailles, René Huin est animé par une passion pour la transmission du savoir. Il peut passer jusqu’à 7J/7 au club. « Je suis très impliqué, encore plus en ce moment pour préparer des événements comme la Coupe de France, admet-il. C’est presque tout le temps que je suis engagé, surtout avec les compétitions pendant le week-end ». Et il faut ajouter à cet agenda de fou des sollicitations, comme un groupe de quarante allemands, de Weimar, qui va prochainement venir en stage à Blois. Il y aura deux professeurs japonais (Un homme 9e dan de 85 ans et une femme 5e dan) qui viendront d’Okinawa transmettre leur savoir par un cour. Ainsi que Gilles Cherdieu, qui est un grand nom du karaté français, véritable monument dans la discipline (5 fois Champion du Monde, 8 fois Champion d’Europe). Il donnera deux cours dimanche 17 mars 2024 au dojo municipal Quinière-Christian-Galais. Et c’est ouvert à toutes et tous.

« Je considère que transmettre ce que l’on m’a donné est une part importante de mon rôle. Je ne prends pas cela à la légère, sans me prétendre mentor parce qu’il n’y a pas de surhomme », nous dit René Huin. « J’accueille une centaine de jeunes, âgés de 5 à 12 ans, et 40 adolescents-adultes. Concernant l’âge idéal pour commencer le karaté, au Japon, c’est une discipline obligatoire dès qu’un enfant peut tenir debout. Chez nous, cela dépend des clubs, mais personnellement, je commence avec des enfants de 5-6 ans, une heure par semaine étant suffisante. Pour véritablement commencer, l’âge idéal c’est 10-12 ans. Le karaté est une discipline très technique, nécessitant beaucoup de répétition, ce qui peut être rébarbatif. » Dans son école, Alois Plisson s’est récemment distinguée en devenant vice-championne d’Europe cadette de Kobudo WUKF en 2022. Ce qui lui a valu de signer une convention municipale « Jeune Athlète de Haut Niveau ».

Mais dans l’absolu, exceller dans un art martial offre-t-il un sentiment de sécurité et de confiance ? « La plus grande sagesse est de savoir changer de trottoir quand il le faut », répond René. « Est-ce que je peux avoir peur ? Oui, déjà de moi. Ce qui se passe sur le tatami n’a rien à voir avec ce qui se passe dehors. Dehors il n’y a pas de règles. Sur le tatami, les règles sont claires et le respect mutuel est primordial, mais dans la vie réelle, les situations peuvent être imprévisibles et sans règles. C’est là que les principes du karaté, tels que la discipline, le respect et la persévérance, deviennent encore plus essentiels. Ils m’ont aidé à choisir mes batailles avec sagesse et à mener une vie équilibrée. Moi, j’ai choisi une voie. À ceux qui ne connaissent pas bien le karaté, je dirais qu’il s’agit bien plus qu’un simple sport ou une méthode de défense personnelle. C’est un chemin de vie qui offre sans cesse de nouvelles perspectives et défis. Comme gravir une montagne, où le sommet semble toujours hors de portée, mais c’est le voyage lui-même qui compte, pas la destination. Malgré les années de pratique, j’ai toujours l’impression d’apprendre et de découvrir quelque chose de nouveau. »

Le karaté n’est pas seulement une partie de la vie de René Huin, il en est le cœur battant.

https://www.bloisbkkarate.com/

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