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Une tribune pour « repenser urgemment nos usages en eau »

La préservation de l’eau est d’une importance capitale pour maintenir l’équilibre des écosystèmes naturels et assurer l’accès à cette ressource vitale pour tous. Cependant, dans un monde confronté à des sécheresses de plus en plus fréquentes et intenses en raison du réchauffement climatique, les enjeux de disponibilité et d’accès à l’eau deviennent cruciaux. Il est essentiel de repenser nos usages en eau et d’assurer une répartition équitable entre les besoins essentiels de tous et les utilisations superficielles d’une minorité. Cette question est donc une question de justice sociale, qui nécessite une action urgente.

L’été 2022 a été marqué par des sécheresses historiques et des incendies dévastateurs qui ont touché de nombreuses régions françaises, du sud du pays jusqu’en Bretagne et en Normandie. Malheureusement, le faible niveau de précipitations pendant l’hiver n’a pas permis de reconstituer les nappes phréatiques sur une grande partie du territoire. Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières, plus de 68% des nappes affichent des niveaux inférieurs aux normales saisonnières, avec 20% d’entre elles à un niveau « très bas ». Dans les Pyrénées-Orientales, quatre villages ont déjà été privés d’eau potable à la fin de l’hiver en raison de sécheresses importantes. Actuellement, plus de 40 départements sont soumis à des restrictions d’eau régulières, dont quatre connaissent une situation de crise.

Dans un contexte de pénurie d’eau croissante, les déficits hérités de l’été précédent s’ajouteront aux périodes de chaleur prévues pour l’été 2023. Les climatologues prévoient des épisodes caniculaires intenses et des risques élevés de sécheresse dans de nombreux départements. La situation hydrique en France est déjà extrêmement préoccupante aujourd’hui et risque de s’aggraver dans les mois à venir.

Dans ce contexte, dans une tribune publiée lundi 5 juin sur franceinfo, des organisations* demandent aux pouvoirs publics comme aux citoyens de prendre la mesure de l’urgence.

Une tribune pour repenser la question :

Qui aura alors accès à l’eau ? L’ensemble de la population ou une classe de privilégié-es ? Et pour quels usages ? L’arrosage de golfs et le fonctionnement de complexes hôteliers avec piscines et spas ou les potagers des particulier-ères ? Des stations de lavage de voitures individuelles ou des fontaines rafraîchissantes pour tou-tes pendant les épisodes de canicule ? Plus globalement, souhaitons-nous continuer à privilégier un modèle d’agriculture intensive et destructrice, entre prélèvements excessifs et méga-bassines, au détriment d’une agriculture paysanne, nourricière et économe en eau ? Jusqu’à quand les multinationales de l’agroalimentaire pourront-elles prélever à outrance dans les sources ou les nappes phréatiques quand des restrictions d’usage s’appliquent aux populations ? La crise de l’eau, exacerbée par le dérèglement climatique, pose des problèmes de justice sociale. Les dérogations aux restrictions pour des usages non essentiels ou polluants ne sont pas acceptables. Au contraire, il est essentiel et urgent de placer l’intérêt général devant celui des classes privilégiées et des secteurs économiques polluants, afin de poser les contours d’une société de demain égalitaire et qui garantirait à toutes et tous l’accès aux ressources vitales comme l’eau. Il faut repenser les politiques publiques de gestion de l’eau pour d’une part nous adapter aux évènements en cours et d’autre part diminuer l’intensité et la fréquence de ceux à venir. Et, loin des mesures radicales nécessaires, ce ne sont pas les 53 mesures, vagues et non contraignantes, du plan eau d’Emmanuel Macron qui nous permettront d’y parvenir.

Nous demandons aux pouvoirs publics, élu·es et gouvernement, de prendre la mesure de l’urgence de ces enjeux et de mettre en place dès cet été une politique ambitieuse permettant une répartition juste et soutenable de la ressource en eau. Et en premier lieu, nous exigeons qu’aucune dérogation aux restrictions d’usages de l’eau ne soit plus accordée pour des usages non essentiels ou ne permettant pas de nourrir directement les populations. Nous appelons également les citoyen-nes à se mobiliser massivement sur leur territoire afin de dénoncer et s’opposer au développement de projets, nouveaux ou existants, inutiles et gaspilleurs d’eau.

*Les signataires :

Alternatiba, ANV-COP21, ATTAC, Dernière Rénovation, Escape Jobs, Greenpeace France, Jour de la Terre France, Ligue des droits de l’homme, Nous sommes vivants, Oxfam France, Zero Waste France.

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