Vingt ans de création partagée à L’Art’elier : une exposition anniversaire à l’Atelier 6

Il y a vingt ans, c’est dans la galerie blésoise de Carla Milivinti qu’un petit groupe de passionnés s’est formé autour d’un atelier de peinture. Dès 2006, ce collectif informel a pris la forme d’une association, poursuivant son activité même après la fermeture de la galerie en 2017. L’Art’elier est aujourd’hui toujours actif, fidèle à l’esprit qui l’a fondé : un lieu de travail partagé, sans thème imposé ni hiérarchie technique, où l’on cultive l’intimité créative et la liberté individuelle dans le cadre d’un collectif vivant.
Depuis le 17 et jusqu’au 25 mai 2025, l’association fête ses vingt ans à l’Atelier 6 de Chouzy-sur-Cisse, avec une exposition collective intitulée Anniversaire, 20 ans !, accessible les mercredis, jeudis, vendredis, samedis et dimanches de 14h à 18h, au 16 rue du Moulin. Le vernissage, tenu samedi dernier, a réuni un public nombreux venu saluer cette longévité artistique. Un finissage est prévu le dimanche 25 mai, jour de la fête des mères, à partir de 15h.

Au moment de prendre la parole, Sandra Labaronne, artiste et membre fondatrice autour de qui s’est constitué L’Art’elier, n’a pas dissimulé son émotion : « C’est plus stressant que lorsque c’est mon expo, à moi toute seule », confie-t-elle d’entrée, avant de remercier les présents de partager la joie de cet anniversaire. « Notre petite association est née il y a déjà vingt ans. J’y donnais des cours de peinture. Quand Carla Milivinti a décidé d’arrêter, le groupe formé autour de ces ateliers a voulu continuer. » L’esprit demeure inchangé : « Nous apprécions ce petit format qui permet d’approfondir les relations humaines, de rester dans une forme d’intimité créative, et de faire partie d’un vrai collectif, tout en gardant notre individualité. Sans rythme forcé, sans thème, sans technique imposée. »
Sandra Labaronne est revenu aussi sur les nombreux souvenirs partagés : « Toutes ces années, nous avons organisé des expositions, des portes ouvertes, participé à des projections, des soirées festives… Et en regardant nos livres photo on mesure le chemin parcouru. » Elle a conclu par une déclaration très personnelle : « Je suis la plus heureuse de m’apercevoir de tout ce que nous avons traversé ensemble. Heureuse de vos progrès, de vos petits bonheurs artistiques. Vous me nourrissez, vous me motivez, vous m’aidez à me dépasser. » L’artiste argentine n’a pas oublié pas de saluer Marie Tain, présidente de l’association, Jean-Claude Derré – alias Gabriel Madeleine – hôte avec l’Atelier 6, Madame la maire Catherine Lhéritier, ou son compagnon, Dominique Dulac, qui a apporté la dimension sculpturale à l’association.

Un soutien municipal
La maire de Valloire-sur-Cisse, Catherine Lhéritier, a souligné dans son allocution la place centrale que l’art et les artistes doivent occuper dans nos sociétés : « L’art, c’est une richesse inestimable, un pilier de notre démocratie. Il faut toujours le défendre. » Elle a rappelé l’importance des lieux accessibles comme l’Atelier 6 : « Ce n’est pas un musée où l’on aurait peur qu’un enfant casse quelque chose. Ici, c’est un lieu ouvert, un lieu de partage. » Elle a insisté sur la nécessité de continuer à faire vivre de tels espaces :
« Nous, à la commune, espérons pouvoir développer encore ce lieu, pour qu’il profite à d’autres artistes. Il faut d’abord déménager les ateliers municipaux, ce qui prend du temps, mais c’est dans nos projets. »

Un lieu en devenir
L’Atelier 6, qui accueille cette exposition anniversaire, est lui-même un projet relativement récent. Ancien atelier municipal, il a été réhabilité et transformé à l’initiative de Nicolas Derré, fils de Jean-Claude Derré, tous deux fondateurs du lieu. Jean-Claude Derré explique : « Mon fils souhaitait créer quelque chose dans la commune où il vit. L’objectif était que le milieu rural puisse aussi bénéficier de la création contemporaine. Nous avons loué cet espace une fois libéré, et l’avons transformé en galerie. »
Le lieu est hybride : une salle d’exposition mais aussi un espace d’entraînement de boxe, discipline que pratique Nicolas Derré. L’exposition d’été prévue autour de la boxe — avec photographies en noir et blanc et sculptures — marquera une nouvelle étape. Jean-Claude Derré, également sculpteur sous le nom de Gabriel Madeleine, y présentera trois pièces. L’Atelier 6 ambitionne désormais de devenir un lieu culturel pérenne : « Nous souhaitons même l’agrandir. Nous ouvrons aussi nos portes au théâtre, donc il va falloir pousser un peu les murs », confie Jean-Claude Derré. Le projet se construit et progresse.