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Législatives : les positions de Marine Bardet et Cédric Pelé (RN)

Marine Bardet (Rassemblement National) contre Marc Fesneau (Ensemble), tel est le duel final dans la première circonscription de Loir-et-Cher, dans le cadre des élections législatives anticipées. Avec 35,22% des voix exprimées, la candidate RN est sortie en tête devant le ministre de l’agriculture (34,56%). Mais celui-ci semble avoir beaucoup plus de réserves. D’autant plus que le Parti socialiste, Les Ecologistes, Les Républicains, le PCF, et le candidat Gildas Vieira invitent tous à voter Marc Fesneau, pour faire barrage à l’extrême droite. Jeudi après-midi, avec son colistier Cédric Pelé, Marine Bardet était dans le centre-ville de Vineuil, en campagne, afin d’attirer de nouveaux électeurs. Entretien.

Blois Capitale : Depuis quand êtes-vous au RN et quelle a été votre motivation pour le rejoindre ?

Marine Bardet : Je suis adhérente depuis fin 2018-début 2019. Je suis agent immobilier, donc vous vous doutez bien que jusque-là, afficher sa couleur politique, surtout quand on est du Rassemblement National, ce n’est pas toujours évident. Néanmoins, de plus en plus les gens s’ouvrent. Moi, ce qui m’a fait prendre ma carte et m’engager vraiment, ce sont tout simplement mes convictions. J’ai envie d’une France comme elle était avant, tout simplement, avec plus de respect, plus de respect de l’ordre républicain, moins de laxisme. Qu’on redonne un peu de qualité au travail et qu’on mette le travail en avant. A quelle France je fais référence ? Quand je sortais à 17 ans, je n’avais pas de problème. J’ai fait mes études à Paris, je suis resté 10 ans à Paris. Ça a commencé à se dégrader avant que je ne revienne sur Blois à la naissance de ma fille. Justement, la question s’est posée et je ne voulais pas élever ma fille à Paris. Je trouvais ça trop dangereux. Ma fille est dans une école privée à Blois, mais ça n’a pas empêché qu’on ait une alerte à la bombe il n’y a pas très longtemps… En fait, les menaces sont constantes et moi, je veux que ça change. Elle a bientôt 12 ans et j’ai peur qu’elle ne puisse pas vivre sa jeunesse comme moi j’ai pu le faire malgré tout. Les problèmes de sécurité se sont accélérés depuis quelques années, c’est de pire en pire. La sécurité fait partie des points pour moi qui sont primordiaux avec le pouvoir d’achat, avec tout ce qui compose le programme de Jordan Bardella. C’est ce qui fait que moi, j’ai sauté le pas, je suis jeune, je veux dynamiser et je veux que la France change.

Cédric Pelé : Cela fait plus de 10 ans maintenant que je suis au Rassemblement National, anciennement Front National. Ce qui m’a attiré dans ce parti, plusieurs choses. La première, c’était le retour à l’ordre républicain. Le fait aussi que dans notre pays, ‘on ne peut pas accueillir toute la misère du monde.’ Et la France a déjà pris sa part depuis longtemps. On ne peut pas reprocher aujourd’hui à la France de ne pas être humaniste ou solidaire. Je pense que la France a fait ses preuves en la matière. Seulement, aujourd’hui, nous avons un amas de dettes qu’il faut résoudre avec l’équation du pouvoir d’achat. Nous avons 10 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, 4 millions de mal-logés. On n’en parle pas beaucoup dans cette campagne, mais c’est un problème qui touche tous nos compatriotes, dans cette circonscription autant qu’ailleurs. Aujourd’hui, ce que je veux, c’est qu’on puisse aider d’abord nos compatriotes, qu’ils soient français ou étrangers en situation légale dans notre pays, qui travaillent, qui paient leurs impôts et qui sont aussi en difficulté. Il faut aider tous ces citoyens-là, toutes ces personnes qui sont chez nous avant d’aider d’autres personnes.

Blois Capitale : Quels sont les sujets dont vous parlent les Loir-et-Chériens lors de cette campagne ?

Marine Bardet : Le pouvoir d’achat, clairement. Et l’insécurité.

Marine Bardet et Cédric Pelé

Blois Capitale : Roger Chudeau, député RN sortant de Loir-et-Cher, a créé la polémique sur la binationalité, en disant qu’elle était incompatible avec des postes de pouvoir, en faisant référence à Najat Vallaud-Belkacem qui avait été ministre de l’éducation. Quelle est votre position ?

Marine Bardet : C’est son point de vue personnel, on ne le partage pas.

Cédric Pelé : Jordan (Bardella) l’a précisé, on peut être ministre ou député du moment qu’on est français. Et je vais même vous donner un exemple : Matthieu Valet, franco-espagnol, ferait un très bon ministre de l’Intérieur.

Blois Capitale : A quel moment s’appliquerait la préférence nationale ?

Cédric Pelé : C’est une de nos propositions qui a toujours fait sens. Il est normal de réserver, quand c’est possible, certains métiers aux personnes qui résident sur le territoire. Aujourd’hui, vous avez en France dix millions de personnes pauvres et quatre millions de mal logées. Comme Jordan (Bardella) l’a toujours dit, à partir du moment où vous êtes français et que vous êtes à la rue, il est normal que demain vous soyez prioritaire pour l’accès au logement par rapport à une personne qui n’est pas française. Donc, il est normal de prioriser. Par exemple, quand vous allez au Canada, c’est pour travailler, vous n’êtes pas au Canada pour toucher des aides sociales ou pour obtenir un logement social; vous venez pour travailler. Si demain votre contrat de travail est terminé, eh bien, vous retournez dans votre pays, vous trouvez un autre travail. Toutefois, quand nous n’avons pas les personnes nécessaires sur le territoire, comme des médecins, évidemment, des dérogations peuvent s’appliquer, parce que nous avons besoin de médecins étrangers, ce qui souligne aussi un problème de formation. On ne va pas mettre les gens dehors, mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aujourd’hui on ne peut pas accueillir autant qu’avant.

Marine Bardet : Il y a eu un flux énorme d’immigration. Il faut un peu stopper, pour pouvoir déjà gérer ceux qui sont ici, et les mettre au travail. […] Il faut arrêter les aides d’Etat d’urgence, arrêter de payer le logement, l’électricité, arrêter de leur donner des sous à la fin du mois sans rien faire, et naturellement ils ne viendront plus ici. On voit ces étrangers en France, on leur dit mais pourquoi êtes-vous là ? ‘Eh bien pour les papiers, pour l’appartement, pour la CAF, pour les aides sociales en général.’ Bon, si on arrête ça, déjà je pense que naturellement le flux sera moindre. Parce que on arrêtera d’être aussi généreux, sans l’être pour autant avec nos Français. Il faut respecter le pays, nos lois, notre drapeau, comme ce qui se fait partout dans le monde ! Il n’y a qu’en France qu’on est aussi laxiste et aussi généreux. On nous blâme tout le temps sur ce sujet, mais dans les autres pays, ça se fait et tout va très bien.

Blois Capitale : En Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni a décidé de faire entrer 452.000 travailleurs étrangers d’ici 2025. Une décision prise à la demande des patrons…

Cédric Pelé : Nous, on n’est pas Meloni, on n’est pas l’Italie. L’Italie a sa propre politique, je ne vais pas commenter les choix des autres pays. Vous pensez que nous avons des points de proximité avec la politique de madame Meloni ? Mais ça, c’est vous qui le dites. Nous avons un programme qui a été décidé par Jordan Bardella et Marine Le Pen, et c’est celui-ci que nous suivrons, et pas celui de l’Italie.

Blois Capitale : Il manque de la main d’œuvre en Loir-et-Cher, 10.000 postes sont à pourvoir dont 5.000 dans l’hôtellerie/restauration. On ne peut pas faire appel à des étrangers ?

Marine Bardet : Il y a un problème de formation. Et au sein des gens qui cherchent du travail, il suffirait aussi de les remettre au travail. On a quand même un nid de gens au chômage actuellement. Ils pourraient avec une formation légère travailler dans la restauration par exemple. Il suffit juste que les gens aient aussi l’envie d’aller travailler.

Cédric Pelé : En offrant des salaires corrects. L’une de nos propositions consiste à exonérer de charges patronales les augmentations de salaire jusqu’à 10 % pour les salaires allant jusqu’à trois fois le SMIC. Cela a été bien accueilli par les représentants des employeurs et permettrait aux entreprises, notamment aux TPE et PME, d’augmenter les salaires sans être accablées par des charges supplémentaires. En revanche, nous nous différencions des propositions faites par la France Insoumise, notamment celle d’augmenter le SMIC à 1600 euros. Nous sommes contre cette idée, car elle pourrait entraîner une augmentation des coûts des produits et de l’inflation.

Blois Capitale : Le prix Nobel d’économie Jean Tirole a expliqué que votre programme n’était pas du tout financé et que le fait d’évoquer le cout de la fraude sociale ou de l’immigration étaient des leurres. Qu’en pensez-vous ?

Marine Bardet : Moi, je pense que nous pouvons récupérer beaucoup d’argent en luttant contre la fraude sociale et fiscale, un sujet dont étrangement personne ne parle. On discute beaucoup des dépenses de notre programme, mais peu des ressources. […] Nous ferons un audit si nous accédons au pouvoir, car il semble qu’il y ait des dépenses non expliquées par le gouvernement actuel, et nous découvrirons probablement des dépenses cachées. Il est clair que la dette du pays, qui s’élève à plus de 3.000 milliards d’euros, nécessite un examen approfondi pour comprendre précisément où nous en sommes.

Cédric Pelé : Il est important de rappeler que nous avons toujours été contre l’accroissement des déficits et de la dette. Jordan Bardella l’a réaffirmé à plusieurs reprises : nous n’allons pas faire le contraire une fois au pouvoir. Quand vous gérez un budget, que vous soyez un père ou une mère de famille, il y a des dépenses et des recettes. Si vous augmentez les dépenses, il faut également trouver des recettes correspondantes. Il y a plusieurs pistes. Je ne vais pas vous dire précisément ce qui correspond à chaque dépense, mais il y a plusieurs options, comme la lutte contre la fraude sociale et fiscale. Il y a la niche des armateurs, aussi une proposition pour réduire la contribution française au budget européen de 2 milliards d’euros. Nous sommes critiqués par nos adversaires et par certains médias sur le fait de revenir sur certaines propositions, mais il est important de savoir que lorsqu’il y a cohabitation, le gouvernement ne peut pas modifier toutes les dépenses à sa guise. Nous avons présenté trois propositions principales. La première concerne les mesures de pouvoir d’achat, notamment la baisse de la TVA sur les énergies, qui est un bien de première nécessité. C’est une proposition chiffrée et compensée. Nous disons aussi qu’il faut restaurer l’autorité dans notre pays. Toutes les dégradations survenues l’année dernière lors des émeutes, ou lutter contre l’insécurité et le trafic de drogue… tout cela aiderait à assainir un peu les finances du pays. L’immigration est un coût pour notre pays. Certains disent que nous gagnerions à augmenter l’immigration, mais la réalité est que de nombreuses personnes immigrées sont sans emploi.

Blois Capitale : L’autorité revient toujours dans votre discours, quelle est la méthode pour plus d’autorité ?

Marine Bardet : Avec une justice moins laxiste. En incitant également les parents à éduquer leurs enfants, tout simplement.

Cédric Pelé : Il existe un phénomène de société où les familles monoparentales et l’absence du père sont également significatives. Je pense qu’il y a tout un volet d’accompagnement à développer en plus de la nécessité de faire appliquer nos lois. Si on les appliquait déjà, on pourrait réduire ce phénomène d’ensauvagement de la France.

Blois Capitale : Dans le programme du RN on trouve un principe de légitime défense automatique accordée à la police. L’usage des armes pourrait se développer ? Faut-il utiliser plus de force ?

Cédric Pelé : C’est anormal qu’en 2024, on puisse encore agresser les forces de l’ordre, que les forces de l’ordre ne puissent pas se faire respecter, que les refus d’obtempérer augmentent. Faut-il utiliser plus de force ? L’utilisation de la force existe déjà, il n’est pas nécessaire de la revoir ni de l’augmenter, il faut simplement faire appliquer ce qui est applicable.

Blois Capitale : Nous avons proposé à Michel Pillefer (LR) de vous poser une question. La voici : acceptez-vous les voix en provenance de LFI ?

Marine Bardet : Les électeurs ne sont pas séquestrés. Moi, je l’ai déjà dit, je suis ouverte à tout électeur et je pense que la France a besoin, pour pouvoir avoir une majorité absolue, que les électeurs fassent leur choix en leur âme et conscience, en fonction de leurs besoins et de ce qu’ils ont envie. Souvent, quand je croise les gens, ils me disent qu’il faut que ça bouge. C’est tout ce que j’ai à dire. Les électeurs viendront de là où ils veulent et je les appelle d’où qu’ils viennent.

Cédric Pelé : Aujourd’hui, je considère que ceux qui insinuent que le Rassemblement National n’aurait pas de réserve de voix se trompent. Au contraire, il y a aussi des abstentionnistes qui n’ont pas fait de choix au premier tour et qui généralement peuvent être amenés à voter au second tour. Cette élection est cruciale, d’autant que j’ajoute que la première circonscription du Loir-et-Cher, donc Blois et tout le périmètre alentour, va être déterminante puisque elle fait partie des 310 circonscriptions que le Rassemblement National peut gagner. Vous savez que la majorité, c’est 289 députés. Donc, si les Français nous font confiance, nous pouvons obtenir une majorité. Cette circonscription a un enjeu important.

Blois Capitale : Si vous êtes élue députée, vers quels sujets irez-vous, avez-vous des idées de loi ?

Marine Bardet : Il y a beaucoup de choses qui m’intéressent. Tout ce qui peut changer la vie de nos Français va m’intéresser quoi qu’il arrive. Moi, je veux être une députée sur le terrain et à la rencontre des gens. Bien entendu, je serai à Paris pour défendre les lois qu’on veut proposer, mais je serai également sur ma circonscription à l’écoute des gens. L’avantage de ma circonscription c’est qu’elle est à la fois urbaine et à la fois rurale, donc tout ce qui peut concerner les agriculteurs va m’intéresser. Et de manière générale, tout ce qui peut améliorer le quotidien, le pouvoir d’achat, tout.

Blois Capitale : Prochainement va débuter à Blois le festival FIGAS qui célèbre la culture africaine. Un Etat dirigé par le RN pourrait lui couper les subventions ?

Marine Bardet : Pourquoi il n’y aurait plus de subventions ? Vous pensez que parce que je suis RN, l’Afrique je n’en veux plus ? Il ne faut pas faire de raccourci. Je le redis, Jordan Bardella l’a dit : on n’a rien contre les gens qui sont sur place, qui travaillent et qui aiment notre pays. Moi, tous les gens qui nous respectent, qui aiment notre pays, notre drapeau, et qui respectent nos lois sont les bienvenus, et au contraire, travaillons ensemble et continuons. Tout ce qui est festivités, moi j’adore ça, donc il n’y a aucun problème là-dessus, il ne faut pas s’inquiéter, au contraire.


Le tableau avec les résultats électoraux pour la 1ère circonscription du Loir-et-Cher :

CandidatStatutPartiPourcentageVoix
Marine BARDETqualifiéeRassemblement National35,22%19069
Marc FESNEAUqualifiéEnsemble ! (Majorité présidentielle)34,56%18711
Reda BELKADIDivers gauche15,35%8311
Pierre Gilles PARRALes Républicains5,95%3220
Gildas VIEIRADivers centre5,29%2867
Alain LOMBARDLO3,38%1828
François DASSONNEVILLEDivers0,25%138
Jean-Marc TRANDivers0,01%4
Participation: 67,53% (55852 votants sur 82706 inscrits) – 1221 blancs – 483 nuls

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