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Blois : 76 enfants et 39 mamans sans toit à compter du 1er avril

Ce n’est pas un poisson d’avril mais une tragique réalité qui se dessine : 76 enfants et 39 mamans vont se retrouver sans toit à compter du 1er avril 2024. Le collectif Pas d’Enfants à la Rue, en collaboration avec la Cimade et le collectif de soutien aux sans-papiers, tire la sonnette d’alarme concernant la précarité de nombreuses familles, qui vont se retrouver sans abri, suite à des décisions de la Préfecture et/ou du Conseil Départemental. Potentiellement, ce sont plus de 200 personnes qui seront sans domicile fixe à partir du 1er avril, c’est à dire au terme de la trêve hivernale.

Face à cette urgence, des mères ont décidé de s’exprimer publiquement lors d’une conférence de presse, soutenues par les collectifs mentionnés. D’ores et déjà, un rassemblement de soutien devant la Préfecture et le Conseil Départemental est prévu le mardi 26 mars à 17h30, afin de démontrer la force de la solidarité citoyenne et institutionnelle envers ces familles et enfants en détresse.

« On nous demande de quitter les hôtels où nous résidons, mais aucune solution de relogement n’a été proposée pour nous et nos enfants, témoigne une mère. Cette situation nous place dans une impasse : où irons-nous si nous devons partir ? Cela nous préoccupe énormément, d’autant plus que nous avons de jeunes enfants à charge. À l’origine, nous avions prévu d’organiser une marche pour attirer l’attention sur notre situation, mais il nous a été conseillé de ne pas le faire en raison des risques potentiels. Nous avons donc renoncé à cette marche. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est de l’aide et de l’attention à notre situation. Nous n’avons aucune ressource financière, et certaines mères se retrouvent sans aucune aide, avec leurs enfants. Notre demande principale est d’avoir un endroit chaud pour vivre. Dans les hôtels, nous faisons face à des difficultés considérables. L’impossibilité de cuisiner, par exemple, nous oblige à sortir pour préparer nos repas, ce qui est particulièrement difficile. Nous nous sommes adaptés à ces conditions, mais la demande de quitter ces logements nous met encore plus en difficulté. La mise à la rue de nos enfants est une perspective inacceptable ; ils ne méritent pas une telle situation. Nous cherchons simplement une solution de logement, une place où nous pourrions nous établir. Maintenant, on nous demande de partir en deux semaines. Avec tous les enfants que nous avons, où pouvons-nous aller ? Cela s’ajoute au stress que nous vivons déjà. »

« Nous ne sommes pas venus ici pour rester oisifs à la maison, explique une autre mère. Cela nous épuise et nous blesse profondément. Notre objectif est de travailler et de gagner notre vie, pas de rester enfermés chez nous. Nous devons souvent rester à la maison pour nous occuper de nos enfants, mais notre souhait c’est surtout qu’ils aient un avenir meilleur. Nous espérons que les Français pourront nous aider à améliorer notre situation. Vivre à l’hôtel n’est pas facile, les enfants ne peuvent pas jouer librement dans de tels espaces. Nous sommes épuisés de vivre dans ces conditions, mais l’idée de nous retrouver à la rue avec nos enfants est insupportable. Certaines d’entre nous sont enceintes ou ont de très jeunes enfants, âgés de quelques mois. »

Tous les cas sont importants, mais parfois c’est même un danger de mort qui guette. « Un enfant nécessitant des soins réguliers à l’hôpital est au cœur de nos préoccupations, explique Mickael Martel, membre de Pas d’Enfants à la Rue. Le collectif a mis en lumière sa situation pendant les vacances scolaires en envoyant un courriel au département et à la préfecture pour alerter sur les risques pour la santé de cet enfant. Malheureusement, nous n’avons reçu aucune réponse à ce jour. La situation devient plus critique puisque la mère de l’enfant doit quitter son hôtel le vendredi 22 mars, se retrouvant ainsi sans logement. À l’heure actuelle, aucune institution n’a apporté de réponse ni proposé de solution, laissant présager que toute aide éventuelle viendrait de la solidarité citoyenne. Pour le moment, cette famille est laissée à la rue, une réalité tragique à laquelle nous sommes confrontés. »

Autre cas particulier, une famille avec un enfant gravement handicapé se retrouvera sans domicile le 1er avril. Idem pour deux mères enceintes dont les accouchements sont prévus fin mars, l’une d’entre elles attendant des jumelles. « Les travailleurs sociaux eux-mêmes, pourtant habitués à gérer des situations difficiles, sont choqués par l’ampleur et la gravité des problèmes rencontrés, du jamais vu selon eux », nous dit-on. Signalons également qu’à la fin de l’hébergement s’ajoute dans quelques cas un risque de reconduite à la frontière.


Didier Richefeux, membre du Collectif de soutien aux sans papiers, souligne que « l’intérêt supérieur des enfants est incontestable et ne peut être négocié. Il est inacceptable que dans un pays comme la France, des enfants, des femmes enceintes, et de jeunes enfants soient laissés dans de telles conditions. Les solutions à cette situation semblent évidentes. On parle de réarmement démographique ? Devant moi, il y a des enfants désireux d’aller à l’école. Nous devrions leur accorder, ainsi qu’à leurs familles, des titres de séjour pour leur permettre de travailler, de s’intégrer, et d’apprendre le français. Ces familles n’ont pas quitté leur pays par plaisir, mais à cause de persécutions. Adoptons une approche humanitaire envers ces jeunes femmes et leurs enfants en leur accordant un titre de séjour avec le droit de travailler et de se former. »

Membre du collectif Pas d’Enfants à la Rue, Stéphane Ricordeau, avance des solutions et une possibilité de faire des économies : « Il y a un site appelé Rocheron dans le quartier Vienne à Blois, capable d’accueillir une cinquantaine de personnes presque du jour au lendemain. Qu’attendons-nous ? Il y a aussi le SDIS41 qui a la capacité d’héberger plusieurs dizaines de personnes de manière très satisfaisante. Cet équipement public, destiné à accueillir les stagiaires pompiers, n’a jamais été utilisé à cette fin. Savez-vous où ces stagiaires sont logés lorsqu’ils viennent s’entraîner à Vineuil ? Ils sont logés à l’hôtel ! Économiquement, ce n’est pas anodin ; les coûts sont gigantesques, et nous insistons sur ce point plusieurs fois. Une chambre d’hôtel c’est 1500€/mois. Et je vous le dis, la question économique parle aussi au grand public, surtout lorsqu’elle est liée à une cause humanitaire. Des solutions économiquement viables existent, comme une alternative moins coûteuse à l’hébergement hôtelier. »

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