Vie locale

Deux femmes et cinq enfants à la rue, le Département les reloge jusqu’au 14 avril

C’est une épée de Damoclès sur 39 femmes et 76 enfants à Blois : la trêve hivernale s’est achevée et ces familles peuvent se retrouver à la rue puisque hors du cadre de la Loi MOLLE comme argumenté par le Conseil départemental qui en la charge. « À compter d’avril, les frais hôteliers de certaines d’entre elles ne seront plus assurés par le département dans la mesure où elles ne remplissent plus les conditions prévues par la loi », avait fait savoir le Conseil, tout en assurant qu’il resterait humain au sujet des suites à donner.

Ce mardi matin deux femmes – dont une enceinte – et leurs cinq enfants ont dû quitter l’hôtel Ibis Budget qui leur servait de toit. Avec de surcroit un début de travaux dans cet étage de l’établissement. D’autres familles étaient dans le même temps relogées dans le Bellagio, à La Chaussée-Saint-Victor. Ce 2 avril 2024, ce sont donc cinq très jeunes enfants et leurs mères qui se retrouvaient sans abri, avec juste quelques sacs contenant tous leurs biens. Ces deux familles se sont retrouvées dans le hall du Conseil départemental, entourées de collectifs et d’associations : le collectif « Pas d’enfant à la rue », le collectif de soutien aux sans-papiers, la Cimade, la Ligue des droits de l’Homme, notamment.

« Ces familles ont reçu un courrier du conseil départemental les informant que leur prise en charge à l’hôtel se terminerait le 31 mars. Suite à diverses actions entreprises, le conseil départemental semblait avoir fait marche arrière. En effet, il a publié un communiqué annonçant qu’il n’y aurait pas d’expulsions d’hôtel le 1er avril. Ainsi, sur les 39 familles concernées par une fin de prise en charge le 31 mars, deux sont aujourd’hui touchées par cette décision, constatait ce matin Annie Pleyber, de la Cimade. Nous avons été alertés de cette situation par une des dames concernées par l’expulsion. Hier, nous sommes passés à l’hôtel Ibis pour évaluer la situation mais n’avons rencontré personne. Ce matin, nous sommes retournés sur les lieux et avons parlé à la gérante, qui nous a informés qu’elle avait prévenu le conseil départemental de travaux dans son hôtel l’empêchant d’accueillir ces personnes. Nous avons rétorqué que le conseil départemental aurait dû prévoir une solution de relogement. Cette solution a été envisagée pour un certain nombre de familles, à l’exception des deux familles mentionnées. J’ai ensuite été invitée à contacter une personne de l’ASE. Elle m’a dit qu’un communiqué de presse ne changeait pas la situation… »

A la mi-journée, Didier Richefeux, membre du Collectif de soutien aux sans papiers, Julien Colin et Stéphane Ricordeau (collectif « Pas d’enfant à la rue ») ont été reçus par Philippe Gouet, président du Conseil départemental, et, entre autres, Florence Doucet, Vice-présidente chargée de la solidarité liée à l’action sociale, à la famille et à la protection de l’enfance. Le Département a assuré lors de cet entretien que ces deux familles ne dormiraient pas dans la rue.

« Obtenir ce rendez-vous était une chose, mais obtenir l’assurance qu’aucune personne, mère ou enfant, ne se retrouverait à la rue en était une autre, nous a confié Stéphane Ricordeau. Il est évident que nous avons touché un point sensible. Bien sûr, le travail accompli par le conseil départemental n’a jamais été remis en question. Cependant, il est clair qu’il faut trouver des solutions plus pérennes et dignes en termes d’accueil, un objectif que nous partageons désormais. Nous savons que, il y a environ quinze jours, une trentaine de mères ont reçu ce que l’on pourrait appeler un avis d’expulsion ou plutôt un avis de fin de prise en charge de leur hébergement. Malgré des directives différentes données entretemps pour éviter que quiconque se retrouve à la rue, il y a eu des manquements, puisque deux familles, mères et enfants, se sont retrouvées devant le Conseil départemental après avoir été expulsées de leur hôtel ce matin. Le conseil départemental nous a assuré que personne ne dormirait dehors, au moins jusqu’aux 11, 12, voire 13 ou 14 avril. (dates des référés au tribunal administratif). »

Et le membre du collectif « Pas d’enfant à la rue » ajoute : « Il est nécessaire, de trouver d’autres solutions d’hébergement plus dignes que les chambres d’hôtel. Certaines mères et leurs enfants sont logés en hôtel depuis un an, un an et demi, deux ans, voire deux ans et demi. Nous sommes d’accord avec le conseil départemental sur le fait que cette situation ne peut plus continuer, d’autant plus qu’il existe des solutions plus dignes et moins onéreuses. Je pense notamment au site Rocheron, qui devrait être opérationnel dès le début du mois de mai, malgré un léger retard. Ce site offrira une trentaine de logements qui amélioreront la situation. À plus long terme, un projet nommé Lumière est prévu pour 2025. En attendant, cela ne suffira pas, et il est certain que l’État devra apporter son aide, car le département fait déjà beaucoup d’efforts à ce niveau. »

En résumé, l’action des différents collectifs et associations a mis en lumière des situations extrêmement difficiles. « Encore une fois, tout en restant modeste, nous avons grandement contribué à la mise en place de solutions qui ont évité à des familles, des enfants et des mères de se retrouver dans des situations désastreuses, observe Stéphane Ricordeau. Nous sommes conscients que nous nous engageons dans un combat à long terme, ce qui n’est pas facile.« 

Vers 16h30, les deux femmes – dont une enceinte – et les cinq enfants ont été relogés à l’Hôtel Le Cosy, à Villebarou, jusqu’au 14 avril, date de leur référé au Tribunal Administratif d’Orléans.

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