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Emy Sauvaget : « Le plus important c’est la liberté des corps »

L’actualité d’Emeline Sauvaget, auteure et illustratrice de Blois, est multiple. Il y a par exemple à venir l’exposition « Corps » à l’ALEP-Espace Quinière Rosa Parks, proposée du 4 au 29 mars 2024, avec un vernissage le 14 mars (à 18 heures), jour de la conférence gesticulée « Le poil incarné ». Nous avons rencontré l’artiste qui partage un espace dédié à l’aide à la création à la Maison de la BD, connu sous le nom d’Atelier Kraft, afin de faire le point.

« Actuellement, je travaille sur un zine intitulé ‘Méfie-toi de l’eau qui dort’. En fait, c’est l’histoire d’une vulve coquillage et d’un requin qui rôde. La vulve revient souvent dans mes gravures. Il y a quelques mois, j’en avais réalisé une dans un style ‘Où est Charlie ?’, mais au lieu de chercher Charlie, on cherchait des vulves. C’était représenté par des petites vulves sous-marines avec des bonnets de bain, des lunettes, etc. Je pense que c’est cela qui m’a inspiré pour le zine sur lequel je travaille actuellement. Le requin représente clairement le patriarcat, d’autant plus qu’il porte une cravate, symbolisant de nombreux aspects. L’univers aquatique vient du fait que je suis originaire de Blois, que je vis près de la Loire, ce qui fait que l’eau et les références aquatiques font partie intégrante de ma vie », nous explique Emy sur le fond. Quant à la forme : « Sur ce projet, j’ai commencé par faire de la gravure sur du Tetra Pak. J’ai ensuite réalisé une impression manuelle, j’ai scanné et imprimé. Actuellement, je suis en train de procéder à la deuxième étape, qui consiste à utiliser une autre technique, la linogravure, pour imprimer tout le texte à la main sur mon fanzine. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant, juste spoiler qu’il y aura des pages à découper, ce qui permettra de comprendre un autre pan de l’histoire. »

Titulaire d’un diplôme des Beaux-Arts de Caen, Emy Sauvaget poursuit le développement de son univers créatif tout en s’impliquant dans des thématiques qui lui sont chères, telles que la diversité, l’écologie et le féminisme. Et il y a donc également l’exposition prévue à l’espace Quinière Rosa Parks, « où j’accrocherai mes œuvres demain (vendredi 1er mars), nous confie l’artiste blésoise. Elle se tiendra tout le mois de mars, avec un vernissage le jeudi 14 mars à 18h. Cette exposition est liée à une conférence gesticulée d’Estelle Brochard. Elle portera sur le thème de la pilosité féminine, mais mon exposition s’étendra à des sujets plus larges, tels que le féminisme et la liberté des corps, qui sont essentiels dans mon travail. L’idée est de se sentir libre de créer sans restrictions, avec un focus sur le corps et le féminisme. »

« En ce qui concerne la pilosité, en tant que femme, on ne se rend pas forcément compte de la pression sociétale qui pèse sur nous à ce sujet. Personnellement, étant rousse, j’ai été un peu harcelée à l’école pour ma couleur de cheveux et mes poils. Cela m’a poussée à m’intéresser à la fonction et à l’importance des poils pour le corps. J’ai réalisé qu’on grandit avec l’idée qu’il faut épiler ou raser les poils sans comprendre leur rôle », poursuit Emy Sauvaget. « Mon travail autour de la pilosité féminine s’inscrit dans une longue et complexe histoire, souvent dictée par des normes sociétales. En tant qu’enseignante artistique, j’ai remarqué que cette question interpelle autant les adolescents que les enfants. Car ils ont des modèles de femmes adultes sans poils. Après, l’idée n’est pas de dire que s’épiler n’est pas bien. Le plus important c’est la liberté des corps. Etre libre de choisir. Cette question se retrouve également dans d’autres domaines, tels que la minceur ou l’image de la femme véhiculée par les médias, où les stéréotypes abondent. »

Autre actualité, Emeline Sauvaget va faire un atelier de sérigraphie avec l’illustratrice Pauline Torregrossa à « Tendre papier », à Vineuil. « Nous sommes invitées à imprimer nos dessins et illustrations grâce à cette technique. Je peux juste donner un indice, ma sérigraphie va s’appeler « Harpie fever ». Ce sera du lourd, ça va être cool ! Un autre projet sur lequel je travaille, en collaboration avec Pauline Torregrossa et Claire Marsauche, est une bande dessinée sur le thème du genre. C’est un projet à long terme avec l’ALEP que nous espérons développer courant 2024-2025. Ce projet, initié par Claire, se base sur des témoignages qui seront retranscrits et mis en scène. Avec Pauline, nous nous occuperons de la partie illustration de cette bande dessinée. C’est un projet ambitieux et je suis reconnaissante envers Claire et l’ALEP de nous avoir impliquées. »

Emy excelle dans l’art de simplifier les formes et de rendre accessibles ses idées, ce qui constitue sa marque de fabrique. D’autant plus que sa création est politique. « J’ai toujours dessiné, et c’est au cours de mes études aux Beaux-Arts de Caen, où j’avais des cours de dessin de presse, que je suis allée vers un dessin différent. Je me suis rendue compte que l’illustration me plaisait. C’est là que le côté politique a véritablement imprégné mon travail. Le féminisme s’est imposé progressivement, en grandissant, en prenant conscience des inégalités par rapport aux garçons, explique Emeline Sauvaget. L’image a un pouvoir considérable et suscite des réactions, ce qui m’intéresse énormément. Dessiner me permet une plus grande liberté, peut-être en me posant moins de questions qu’à l’écrit ou à l’oral. Que mon travail plaise ou non, il provoque des discussions, comme je l’ai remarqué lors de marchés ou de salons où, après une première réaction parfois de surprise, les gens reviennent vers moi pour discuter. »

Finalement, l’important est de promouvoir la liberté et l’acceptation de soi, que ce soit dans le choix de s’épiler ou non, de se maquiller ou non. Avec pour premier levier la sororité ? « Oui, le soutien mutuel entre femmes est essentiel dans le combat féministe. Malgré certains progrès, comme l’intégration de l’IVG dans la constitution, de nombreux combats restent à mener. Mon espoir est que, dans le futur, les sujets sur lesquels je travaille aujourd’hui seront suffisamment intégrés dans la société pour que je puisse explorer de nouvelles thématiques, répond Emy.

Enfin, Emeline Sauvaget a souhaité donner un conseil musique : The Banshee, un groupe blésois « que je recommande de suivre sur Instagram » via thebanshee_officiel

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