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Jérôme Fourquet et les tensions entre la France d’avant et celle d’après

Invité ce vendredi de la conférence annuelle organisée par la Fondation Jean Jaurès dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire, Jérôme Fourquet a fasciné l’auditoire à la Maison de la Magie en expliquant la France d’avant, et la France d’après. Le sondeur et essayiste était ce samedi à Blois, au lendemain de la parution de La France d’après, tableau politique (Le Seuil, 542 pages, 24,90 €) en librairie.

Interrogé par Jérémie Peltier, co-directeur de la Fondation, par exemple sur le lien entre site touristique (et Blois en est un) et vote, voici sa réponse :

« L’activité touristique est majeure en France, touchant tant notre public national que les étrangers, a constaté Jérôme Fourquet. Beaucoup d’entre nous voyagent et visitent de nouvelles régions. Chaque année, nous accueillons également plus de 80 millions de touristes, et nous espérons atteindre le seuil des 100 millions. Cela fait de la France la première destination touristique en termes de volume, mais pas nécessairement en valeur. Cette dynamique a profondément transformé certains territoires. Certains bénéficient de cette manne touristique et connaissent ainsi un niveau de vie et de bien-être confortables, tandis que d’autres n’en profitent pas. Prenons par exemple la région parisienne : le département de la Seine-et-Marne présente une tendance au vote pour le Rassemblement national, mais au sein de ce département, le village de Barbizon, célèbre pour ses peintres, présente un profil économique différent grâce au tourisme. Et le vote est différent. Cette tendance se retrouve également en Alsace, à Rocamadour et dans d’autres lieux touristiques. Ces zones touristiques influencent souvent les tendances électorales, même dans des endroits inattendus. Par exemple, dans le département de la Meuse, très Frontiste, le village de Douaumont, connu pour son ossuaire, a placé Emmanuel Macron à 40% lors du premier tour, contrairement au reste du département.« 

Autre sujet abordé par exemple, l’écologie qui s’associe volontiers à la France de demain. En effet, les effets concrets du réchauffement climatique se constatent désormais au quotidien. « Contrairement aux États-Unis où un courant climato-sceptique est puissant, les Français sont relativement conscients de ces changements, a observé Jérôme Fourquet. Lors des élections, Jean-Luc Mélenchon a perçu cette préoccupation. En 2022, il a mis la question écologique, notamment celle de l’eau, au cœur de son programme. Il a ainsi obtenu un bon score auprès de la « génération climat ». Cette génération, plus jeune, est généralement plus sensible à la question climatique que les précédentes, bien qu’il y ait des exceptions. Le défi actuel est d’intégrer cette prise de conscience écologique, qui s’est largement diffusée, avec « l’idéologie consumériste ». Les individus sont prêts à faire des efforts, mais souhaitent que leur mode de vie ne soit pas trop affecté.« 

Et l’expert a poursuivi : « Rappelez-vous de l’été 2022, marqué par des canicules et de grands incendies de forêt. De nombreuses tribunes ont déclaré cet été comme un tournant pour la prise de conscience collective. Nos sondages ont montré qu’une partie significative de la population, surtout ceux déjà sensibles à l’écologie, réclamait une action plus rapide pour un tournant écologique. Cependant, une autre partie, « pragmatique », a tiré des conclusions opérationnelles, telles que l’installation de climatiseurs ou la construction de piscines… La France est le deuxième pays en nombre de piscines privées après les États-Unis ! Le terme « piscinable » est même apparu dans le secteur immobilier. Si posséder une piscine n’est pas possible ou abordable, il y a d’autres options comme les spas ou les jacuzzis, vendus par dizaines de milliers chaque week-end. »

A ses yeux, « l’une des questions principales est comment concilier écologie et modes de vie, qui deviennent des sujets politiques. Par exemple, la question de privilégier les vélos ou les voitures. Historiquement, les débats portaient plus sur la répartition des richesses. Mais de nouveaux enjeux émergent. Peut-être qu’autour de cette préoccupation écologique, un nouveau grand récit émerge, remplissant le vide laissé par des idéologies comme le communisme, le catholicisme et le nationalisme. »

Dans la foulée, Jérôme Fourquet a cité Antonio Gramsci : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Or, Fourquet estime que « nous sommes à un tournant », et que « les grands récits manquent encore » même si une attention particulière doit être portée à l’écologie.

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