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La légende du suicide du sculpteur de la statue équestre de Louis XII

Lorsqu’on se dirige vers l’enceinte majestueuse du château royal de Blois, l’attention est immédiatement captée par la présence imposante de la statue équestre de Louis XII dans une niche richement décorée. Cette sculpture, œuvre de Charles-Émile Seurre datant de 1857, restaurée en 1997 par Brice Moulinier, est le témoin silencieux de l’histoire tumultueuse de la ville et du château. Une légende entoure cette statue, elle prétend que le sculpteur se serait suicidé après avoir réalisé que le cheval avait les deux jambes au sol du même côté.

Une statue qui défie le temps

La statue équestre de Louis XII est un trésor artistique qui orne la Place du Château à Blois depuis des siècles. Elle se détache magnifiquement sur un fond de fleurs de lys dorées, ajoutant une touche royale à l’entrée du château. Ce qui stimule parfois l’imaginaire des visiteurs, ce sont les jambes du cheval, deux levées du même côté. Et une légende tenace prétend que le sculpteur, Emile Seurre, se serait suicidé de désespoir en se jetant dans la Loire après avoir découvert cette erreur monumentale.

La vérité derrière la légende

Ceci est faux, comme on peut le lire dans « Blois insolite et secret » (éditions Sutton) de Pascal Nourrisson et Jean-Paul Sauvage. Tout d’abord, il est essentiel de noter que la statue actuelle n’est qu’une copie réalisée lors de la restauration du château par Félix Duban en 1858 (débuts en 1855). L’originale avait été détruite pendant la Révolution française. Emile Seurre s’est inspiré des dessins réalisés au XVIIe ou au XVIIIe siècle pour créer cette réplique. De plus, le cheval marchait déjà en portant les deux jambes du même côté, ce qui n’était pas une anomalie à l’époque.

Cette allure, appelée « amble », était en fait préférée pour les chevaux royaux, car elle était plus confortable pour les écuyers. Elle permettait également un pas de parade élégant, une caractéristique appréciée des souverains de l’époque.

Le sculpteur derrière l’Œuvre

Emile Seurre, le sculpteur de cette magnifique statue, était un artiste renommé de son époque. Premier grand prix de sculpture en 1824, il avait réalisé de nombreuses œuvres remarquables, dont une statue colossale en bronze de Napoléon Ier en 1833, qui ornait le sommet de la colonne de la Grande Armée, place Vendôme à Paris. Bien loin de se suicider par désespoir, Seurre est décédé à Paris le 10 janvier 1858 des suites d’une longue maladie.

L’histoire tourmentée de la statue

Lorsque Félix Duban entreprend la restauration de l’aile Louis XII en 1855, la niche qui abrite la statue équestre était vide depuis soixante-six ans. Durant la Révolution française, tous les symboles royaux étaient condamnés à disparaître. Un arrêté du département en date du 20 août 1792 ordonna la destruction immédiate de la statue équestre de Louis XII. C’est ainsi que le maçon Mormion fut chargé de cette tâche le jour même, moyennant 544 francs.

Il est important de noter que la statue originale était en pierre, contrairement à ce qui était affirmé en 1846 par le tandem Bergevin et Dupré dans le célèbre ouvrage « Histoire de Blois ». Cette statue avait été mise en place en 1502, lorsque la construction de l’aile Louis XII a été achevée, et représentait le roi vêtu d’une tunique à larges plis, coiffé d’une toque médaillée plutôt que couronné.

Une interprétation artistique

Malgré la polémique qui l’entoure, l’œuvre de Seurre, qualifiée de « pastiche » par certains, offre une interprétation artistique remarquable de l’original. Quoi qu’il en soit, la légende du sculpteur suicidaire peut être écartée. Et cette œuvre reste un joyau culturel qui mérite d’être admiré et apprécié pour sa beauté et son histoire.

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