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Les Greniers de Vineuil : focus sur un tiers-lieu coopératif à part

Au cœur de Vineuil, un tiers-lieu singulier s’est imposé en quelques années comme un espace incontournable de rencontres, de création et de partage autour de l’artisanat, de la culture, de l’écologie, du local, et donc des circuits courts… L’histoire des Greniers de Vineuil débute en 2018, portée par un petit collectif d’artisans, de commerçants et d’artistes blésois et vinoliens, soucieux de donner vie à un lieu d’échanges et de valorisation des savoir-faire locaux. C’est ce que nous dit Isabelle Hanquiez, directrice des Greniers de Vineuil, qui a rejoint l’initiative en 2019.

À la genèse du projet, deux figures émergent : Arnaud Séné et Christelle Faucheux-Lamine, respectivement ancien et actuelle présidente de la structure, qui insufflent l’idée d’un espace hybride mêlant artisanat, culture et vie locale. Un élément déterminant vient alors accélérer cette ambition : la mise en vente d’un bâtiment bien connu des Vinoliens, un ancien magasin de meubles qui portait déjà le nom. L’opportunité est saisie par le collectif, qui y voit un espace idéal pour concrétiser son projet.

Avant même que le lieu ne soit officiellement acquis, une première initiative voit le jour en mai 2018 : « Il y a eu une sorte de portes ouvertes ici. Le lieu ne nous appartenait pas encore, mais les anciens propriétaires ont accepté de le mettre à disposition le temps d’un week-end pour promouvoir le projet et expliquer aux citoyens du territoire ce que c’était », nous explique Isabelle Hanquiez. Ce moment clé permet non seulement de présenter les contours du futur tiers-lieu, mais aussi de mobiliser des soutiens. « Ça a très bien marché. ». Quelques mois plus tard, en septembre 2018, la structure prend forme sous le statut de Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). « L’AG constitutive a eu lieu en septembre 2018, avec 180 sociétaires qui ont investi dans le projet. Aujourd’hui, il y en a un peu plus de 320. » Grâce à cet apport initial, la coopérative contracte deux crédits bancaires, permettant l’acquisition du bâtiment et la réalisation des premiers travaux.

Greniers de Vineuil

Un lieu de rencontres, de restauration et d’activités en constante évolution

Les portes du tiers-lieu s’ouvrent officiellement un an plus tard, fin 2019. Mais l’enthousiasme de ce démarrage est rapidement tempéré par l’arrivée de la crise sanitaire. « Je me souviens bien de ce moment-là, j’avais imprimé et diffusé le programme du trimestre, et une semaine après, on fermait. » Cette période de turbulences freine l’élan du projet, notamment dans son volet restauration, qui venait d’être lancé en novembre et subit de plein fouet les fermetures successives.

galerie greniers vineuil

Pour autant, les Greniers de Vineuil tiennent bon et diversifient leurs activités. Aujourd’hui, le lieu accueille des événements culturels variés : concerts, théâtre, lectures de poésie et soirées jeux attirent un public fidèle. Une boutique artisanale permet aux créateurs locaux d’exposer et de vendre leurs productions, avec une alternance entre une présence permanente et des formats éphémères, notamment durant la période de Noël. Le site abrite également un espace de travail utilisé pour des réunions, des séminaires ou encore des activités pédagogiques. Sans oublier une galerie d’art qui reçoit chaque mois une exposition. Ou encore un hébergement à destination des touristes et des professionnels sous la forme d’un gîte de 14 places (10+4).

Jako aux Greniers de Vineuil

Dans le domaine du spectacle vivant, « ce qu’on voit, c’est qu’il y a une vraie demande de la part des groupes émergents », observe Isabelle Hanquiez. « On a eu, par exemple, des groupes qui n’avaient pas encore leur statut d’intermittent et qui cherchaient des petites scènes avant de se lancer sur des jauges plus importantes. » Cette logique se retrouve aussi dans l’accueil du théâtre d’improvisation des Improloko’s (lire ici), qui connaît un succès croissant. « Maintenant, on est pratiquement complets à chaque fois. Les gens réservent un mois à l’avance pour être sûrs d’avoir une place. » Les tarifs sont très accessibles avec des concerts à 5 € (gratuits pour les moins de 12 ans), des spectacles de théâtre à 10 € (gratuits pour les moins de 12 ans) et le théâtre d’improvisation à 4 €.

Le site dispose d’autres espaces permettant d’accueillir un public plus nombreux. « Nous avons une autre salle, aux Ateliers, qui est plus grande. Et bien sûr, nous avons aussi les extérieurs, qui permettent d’accueillir plus de monde », ajoute la directrice. Ces alternatives sont particulièrement précieuses pour les événements d’ampleur, comme le festival annuel qui se déroule en plein air, ou le spectacle Piano-Vélo, prévu en octobre.

La restauration occupe une place essentielle dans l’identité des Greniers de Vineuil, en cohérence avec leur engagement pour les circuits courts et l’alimentation durable. « L’idée, c’est vraiment de travailler avec du fait maison, des produits bio quand c’est possible, et toujours dans une logique de valorisation des producteurs locaux », souligne Isabelle Hanquiez.

Aujourd’hui, une offre de petite restauration et de bar est assurée par des porteurs de projet indépendants, Autour du goulot, qui, tout en proposant leurs propres créations, s’intègrent pleinement à la philosophie des Greniers. A compter du printemps, une nouvelle proposition va prendre forme avec des menus composés d’un double choix d’entrée, de plat principal et de dessert. Une carte qui sera adaptée au public végétarien.

Une gouvernance partagée et un modèle économique à affiner

Le fonctionnement des Greniers de Vineuil repose sur une gouvernance collective propre aux SCIC. « La coopérative est dirigée par une présidente épaulée par un conseil coopératif. C’est un peu l’équivalent d’un conseil d’administration dans une association. » Ce conseil, composé de huit membres et de la présidente, s’appuie sur plusieurs commissions thématiques ouvertes aux sociétaires et aux personnes extérieures. « On a des commissions sur la programmation, la galerie d’art, ou encore sur le modèle économique. L’idée, c’est d’impliquer ceux qui le souhaitent dans la gouvernance et la conduite du projet. »

Greniers de Vineuil

Dans cette organisation, les salariés occupent un rôle pivot. « En tant que directrice, je suis là pour coordonner le projet et mettre en œuvre la stratégie décidée par le conseil coopératif. C’est un équilibre à trouver entre le collectif et la nécessité d’avancer. » L’enjeu repose aussi sur la mobilisation des bénévoles. « Tous les mois, on fait un appel à coups de main pour la programmation ou d’autres besoins. Ce n’est pas les deux salariés qui font tout, ce n’est pas l’idée. »

L’équilibre économique reste un défi majeur. « L’an dernier, nous avons lancé un appel à souscription pour renforcer notre trésorerie », confie Isabelle Hanquiez. Le modèle repose sur plusieurs sources de financement : des subventions publiques, notamment du programme Fabriques de Territoire, les revenus des locations de salles et des hébergements, ainsi que l’investissement des sociétaires. « Tout le monde peut devenir sociétaire en prenant une part à 50 €. Aujourd’hui, on en a plus de 300, et au démarrage du projet, ils ont apporté 150 000 euros, ce qui a été un soutien déterminant. »

Vers une consolidation et un élargissement des activités

Alors que le tiers-lieu approche de ses sept ans, un cycle, une réflexion s’engage sur son avenir. « Sept ans, c’est l’âge où il y a une marche supplémentaire à gravir. Le projet a émergé, il s’est structuré, mais maintenant, il faut le pérenniser. » Parmi les axes de développement, la formation occupe une place centrale. « On développe des formations de remobilisation et de préqualification. Le Greta, par exemple, envoie des élèves en CAP Cuisine pour travailler ici. L’idée, c’est qu’ils puissent se confronter à un cadre réel, différent du lycée hôtelier. Nous développons aussi L’École ÊTRE du Loir-et-Cher, destinée aux 16-25 ans en décrochage scolaire, pour les former aux métiers de la transition et aux métiers manuels. Nous organisons une première session du 25 au 29 mars. Les jeunes seront hébergés ici, cuisineront ensemble, participeront à des ateliers en menuiserie, mécanique cycle, apiculture, maraîchage… Nous allons aussi proposer des formations de pré-qualification, notamment en menuiserie et en agriculture durable, dès fin 2025 ou début 2026. »

D’autres projets sont en gestation, comme l’accueil de résidences d’artistes. « L’an dernier, nous avons accueilli un quatuor féminin en résidence, les Levrettes de Belleville. Elles sont restées cinq jours, ont logé sur place, avec la metteuse en scène, et nous avons organisé une sortie de résidence. »

greniers Vineuil

L’ouverture aux jeunes publics est également un objectif. « On aimerait structurer des parcours de découverte de l’artisanat pour les collégiens, avec des ateliers pratiques et une approche pédagogique. »

Les Greniers de Vineuil continuent ainsi d’explorer de nouvelles perspectives, tout en consolidant leur modèle. « Ce projet est un outil pour les artisans, les artistes, mais aussi pour les habitants du territoire. L’objectif est qu’il leur appartienne vraiment, qu’ils puissent continuer à s’en saisir et à le faire évoluer avec nous. »

Greniers de Vineuil

Le pari d’un tiers-lieu ancré dans son territoire repose sur une dynamique collective forte et une capacité d’adaptation constante. À Vineuil, les Greniers poursuivent leur chemin, convaincus que leur avenir se construira avec et par celles et ceux qui les font vivre au quotidien.


En mars 2025, les Greniers de Vineuil proposent un programme riche et varié, mêlant ateliers, rencontres, spectacles et moments de convivialité. Le mois débute avec le Repair Café, le samedi 1er mars, où la ressourcerie Les Bonnes Manières invite les participants à donner une seconde vie à leurs objets du quotidien. En parallèle, Dérapages propose un atelier de réparation de vélos avec l’accompagnement d’un professionnel du cycle.

Le lendemain, dimanche 2 mars, un brunch bien-être allie yoga et cuisine de saison. Charlotte animera une séance de Hatha Yoga avant un repas concocté par Autour du Goulot, avec des produits locaux et bio. La semaine suivante, à partir du 6 mars, la galerie des Greniers accueille une exposition sur l’art aborigène australien, en partenariat avec la galerie Gondwana, avec un vernissage prévu le vendredi 7 mars à 18h.

Le vendredi 7 mars, place au karaoké, une soirée festive où chacun pourra interpréter ses morceaux favoris. Le samedi 8 mars, la Confrérie des Voyageurs organise une rencontre avec Stéphane, un cycliste explorateur, qui racontera son périple à travers l’Europe à la seule force de ses jambes.

Le mardi 11 mars, la troupe des Improloko’s investit la scène pour un cabaret d’improvisation plein d’énergie et d’humour, avant une soirée Poésie orientale, le vendredi 14 mars, avec des lectures de la poétesse syrienne Maram Al Masri, accompagnées de musique live.

Le samedi 22 mars, deux temps forts marquent la journée : un atelier de visites apprenantes pour découvrir le fonctionnement du tiers-lieu et échanger sur les projets de fabrique de territoire, suivi, en soirée, par un concert du groupe Selon les Humains.

Enfin, les amateurs de spiritueux seront comblés avec deux dégustations thématiques : Autour du gin, le jeudi 13 mars, et Autour de la vodka, le jeudi 27 mars, animées par Mathilde et Mikaël. Tout au long du mois, Autour du Goulot continuera à proposer ses brunchs dominicaux.

Pour plus d’informations : lesgreniersdevineuil.com

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