Valéry Trillaud : « J’aime un peu travailler à la manière de Cartier-Bresson »
Jusqu’au 13 juillet 2024, l’Hôte Bureau, consacre son espace d’exposition* au photographe Valéry Trillaud, pour« Le temps d’un regard ». Cette expo présente des scènes de vie urbaine capturées spontanément, ainsi que des éléments de paysages et des ambiances végétales.
Valéry Trillaud, né à Blois, a commencé à immortaliser sa ville dès l’enfance avec son Instamatic Kodak. Après une décennie à Paris pour des raisons professionnelles, il s’embarque pour les États-Unis où il renoue avec sa passion pour la photographie et voyage en Amérique centrale. Une rencontre fortuite avec un photographe professionnel au Panama l’incite à approfondir cette vocation. De retour à Paris, il se consacre à la photographie, fréquentant expositions et musées, et s’exerce en capturant les scènes de vie de la capitale avant de déménager en Guyane Française en 1999, où il perfectionne son art pendant quatre ans. De retour à Blois depuis quelques mois, après avoir vécu à Nice, Valéry Trillaud partage son temps entre photographies d’illustration pour diverses agences et la photographie d’art, exerçant sa profession depuis 2000.
La démarche artistique de Valéry Trillaud repose sur une approche photographique profondément ancrée dans l’observation du réel et la capture de l’instant. Il cherche à sublimer ses sujets par un cadrage précis et une ambiance souvent pluvieuse, utilisant la lumière pour mettre en relief des ombres graphiques. Ces éléments contribuent à créer des images épurées, représentant des fragments de vie figés dans le temps. « Je ne me définis pas comme un photographe de couleur ou noir et blanc, mon choix se fait selon les instants ou les paysages. J’aime un peu travailler à la manière de Cartier-Bresson**, saisir l’instant décisif. Donc je repère une belle lumière, un cadre assez géométrique et j’attends qu’il se passe quelque chose. Donc souvent, il se passe quelque chose, parfois non. Je me considère un peu comme un pêcheur. Ça veut dire que j’envoie ma ligne, j’attends que ça morde. Des fois ça mord, pas toujours, c’est la règle du jeu », explique Valéry Trillaud. Résultat, il capture des scènes – en numérique, parfois en argentique – telles qu’une vague, un plongeon, une ombre ou une action saisie au vol, photographiant des personnages à leur insu, sans jamais recourir à la mise en scène ou à la manipulation des images.
Valéry Trillaud laisse libre cours à l’interprétation et à l’imagination du spectateur, respectant les flous et les reflets pour offrir une vision authentique et personnelle de chaque instant immortalisé. Comme ci-dessus avec le fleuve. « J’ai trouvé que ce feuillage d’automne en reflet dans la Loire, et cette lumière de fin de journée, étaient vraiment propices à réaliser un flou artistique. Pour ne pas juste saisir, mais plutôt partir dans un imaginaire », commente le photographe qui avant même de capturer une image connait son titre, son thème. « Toutes mes photos sont déjà imaginées, elles sont déjà en tête. »
*Exposition « Le temps d’un regard » jusqu’au 13 juillet, dans le cadre des jours et horaires d’ouverture de l’Hôte Bureau, 2 bis Rue Pierre de Blois, du lundi au vendredi, de 9h30 à 18h.
**Henri Cartier-Bresson est connu pour son concept de « l’instant décisif », qu’il définit comme le moment exact où tous les éléments d’une scène se rejoignent de manière optimale pour créer une composition parfaite. Il croyait que le photographe devait être invisible et prêt à capturer cet instant fugace. Il accordait une grande importance à la composition de ses photos, souvent influencée par les principes de la peinture et du dessin. Cartier-Bresson utilisait des lignes, des formes et des structures pour créer un équilibre visuel harmonieux dans ses clichés. Cartier-Bresson travaillait de manière très discrète, préférant photographier les sujets sans qu’ils se rendent compte de sa présence. Il croyait que la spontanéité et la vérité des moments capturés étaient essentielles pour créer des images authentiques. Il n’effectuait pas de recadrages ou de retouches sur ses photos. Pour lui, la photo devait être parfaite dès le moment de la prise de vue. Il considérait que manipuler une image après coup diminuait sa pureté et son intégrité. Cartier-Bresson utilisait principalement un appareil photo Leica, apprécié pour sa discrétion et sa maniabilité. Cela lui permettait de se déplacer rapidement et de capturer des moments sur le vif sans attirer l’attention.