Des chevauchements génétiques entre la démence vasculaire et la maladie d’Alzheimer
Une étude de référence, menée par des chercheurs de l’Université du Texas à San Antonio (UT Health San Antonio), révèle des liens génétiques entre différentes formes de démence, y compris la démence vasculaire et la maladie d’Alzheimer.
Publiée le 24 juillet 2024 dans Alzheimer’s & Dementia: The Journal of the Alzheimer’s Association, cette méta-analyse pangénomique est la plus vaste jamais réalisée sur la démence toutes causes confondues, examinant un échantillon de près de 800 000 individus provenant de divers horizons géographiques et ethniques.
Une découverte majeure sur les risques génétiques
L’étude met en évidence un chevauchement significatif entre les facteurs de risque génétiques de la démence vasculaire et ceux d’autres formes de démence, dont la maladie d’Alzheimer. La démence est traditionnellement vue comme une maladie multifactorielle, où les deux types les plus courants, la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire, sont souvent étudiés de manière isolée. Cependant, cette étude souligne que des processus neurodégénératifs et vasculaires sous-jacents partagés influencent à la fois la démence vasculaire et d’autres formes de cette maladie.
La démence vasculaire est généralement associée à des lésions vasculaires cérébrales causées par des accidents vasculaires cérébraux, l’athérosclérose ou l’artériosclérose, tandis que la maladie d’Alzheimer est liée à des dépôts de protéines bêta-amyloïde et tau dans le cerveau. Toutefois, de plus en plus de preuves suggèrent que des facteurs vasculaires, tels que l’hypertension et le diabète, interagissent avec ces pathologies neurodégénératives pour augmenter le risque de démence.
Méthodologie et portée de l’étude
L’étude dirigée par Bernard Fongang s’appuie sur un vaste ensemble de données collectées à partir de différentes cohortes. Elle représente un bond en avant pour l’étude des facteurs génétiques de la démence, étant donné que les recherches antérieures se sont principalement concentrées sur la maladie d’Alzheimer chez les populations d’ascendance européenne.
Les chercheurs ont utilisé des études d’association pangénomique (GWAS) pour identifier les variantes génétiques associées à la démence toutes causes confondues et à la démence vasculaire. Ils ont découvert que certaines des variantes génétiques déjà connues pour être impliquées dans la maladie d’Alzheimer sont également des facteurs de risque pour d’autres formes de démence, notamment la démence vasculaire. Cette découverte renforce l’idée que les mécanismes vasculaires jouent un rôle central dans la pathogenèse de diverses formes de démence.
Des implications cliniques et futures
Les résultats de cette recherche sont particulièrement significatifs dans le contexte clinique, car ils montrent que les patients atteints de démence vasculaire et de maladie d’Alzheimer peuvent partager des prédispositions génétiques similaires, ce qui pourrait influencer le développement de traitements ciblés. De plus, ces découvertes appellent à une meilleure compréhension des mécanismes biologiques communs qui sous-tendent ces maladies afin de développer des interventions thérapeutiques qui s’attaquent à plusieurs formes de démence en même temps. Cependant, les chercheurs soulignent qu’il est nécessaire de valider ces résultats sur des populations non européennes, car la majorité des données proviennent de personnes d’ascendance européenne.
En bref, cette étude établit de nouveaux fondements pour la compréhension des facteurs de risque génétiques de la démence, en particulier en ce qui concerne la contribution des facteurs vasculaires. Elle ouvre également la voie à une recherche plus approfondie sur les interactions entre les pathologies neurodégénératives et les lésions vasculaires, qui pourraient transformer les stratégies de prévention et de traitement de la démence.