Pas d’enfant à la rue : une mobilisation avant l’association
Ce mercredi 20 novembre 2024, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, Blois a été le théâtre d’une mobilisation citoyenne, devant la préfecture, portée par le collectif Pas d’enfant à la rue et soutenue par la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Planning Familial, le NPA et la Cimade. Face à une précarité grandissante, les intervenants ont dénoncé les politiques publiques actuelles et rappelé les droits fondamentaux des enfants, souvent bafoués. Certains ont témoigné devant la grille de la préfecture, des mots simples et directs qui ont décrit les réalités de la vie sans abri : « Quand on n’a pas de maison, c’est difficile. On souffre, on est stressé. Parfois, il fait froid, et la nuit, on ne peut pas dormir à cause du bruit. » Ces paroles ont rappelé l’ampleur de la souffrance vécue par ces jeunes.
Un cri d’alarme pour les enfants sans abri
Pour Julien Colin, membre du collectif Pas d’enfant à la rue, la situation est critique. « La plupart des enfants que vous avez entendus ce soir seraient encore à la rue sans votre aide, sans le collectif. Ce sont des enfants logés aujourd’hui par des collectivités locales, parfois depuis un an, mais sans aucune solution pérenne », a-t-il déclaré lors de son intervention devant la préfecture de Blois.
Depuis sa création, il y a un an, le collectif a tissé un réseau de solidarité qui permet aujourd’hui de venir en aide à de nombreuses familles. « Nous hébergeons trois familles avec cinq enfants en hôtel grâce à notre cagnotte. 27 enfants et leurs parents, pour la plupart des mères seules, sont logés dans des logements mis à disposition par la ville de Blois, les mairies de Saint-Gervais-la-Forêt, de Vineuil et le CIS du Blaisois », a-t-il détaillé. « Sans cette chaîne de solidarité, plusieurs dizaines d’enfants auraient dormi dehors depuis un an. Ensemble, nous avons financé plus de 230 nuits d’hôtel pour un montant de plus de 10.000 euros grâce à notre cagnotte. »
Des politiques publiques critiquées
Pour Didier Richefeux, membre de la Ligue des droits de l’homme 41, la situation des enfants sans abri est le symptôme d’un manque de volonté politique : « Les politiques publiques doivent veiller à la protection de tous les enfants, qu’ils soient français, étrangers ou non accompagnés. Et pourtant, en France, un enfant sur cinq vit dans la pauvreté. »
Il a rappelé que la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée il y a 35 ans, engage la France à protéger les enfants contre les violences et à leur garantir des conditions de vie dignes. « La grande pauvreté constitue une atteinte directe aux droits fondamentaux des enfants. Il est inadmissible que des familles soient expulsées sans qu’on prenne en compte la continuité de la scolarisation des enfants », a-t-il dénoncé.
La Cimade, quant à elle, a mis en lumière la situation particulièrement alarmante des femmes étrangères avec enfants. « Nous rencontrons de plus en plus de femmes à la rue, parfois enceintes, seules ou avec des enfants en bas âge », a déclaré une représentante de l’association. Une autre a également pointé du doigt les politiques récentes, comme la loi Asile et Immigration, appliquées « sans humanité par le préfet », qui contribuent à maintenir ces femmes dans une précarité extrême. Pour la Cimade, les politiques actuelles participent à ce qu’elle appelle « la fabrique des sans-papiers ». « Les refus quasi systématiques de délivrer des titres de séjour, les obligations de quitter le territoire français, et les interdictions de retour plongent des milliers de personnes dans une clandestinité qui les prive de leurs droits les plus fondamentaux », a dénoncé l’association.
Des revendications claires
Les participants ont conclu sur des revendications fortes : un hébergement inconditionnel pour toutes les personnes sans abri, une régularisation large des personnes étrangères, et des politiques publiques alignées sur les principes de la Convention internationale des droits de l’enfant.
Et la création d’une association
Le collectif Pas d’enfants à la rue a annoncé la tenue de son Assemblée Générale Constitutive le mercredi 4 décembre 2024 à Blois. « Nous avons permis de rendre visibles des situations que certains auraient voulu laisser dans l’ombre. Nous continuerons à frapper à la porte du conseil départemental et de la préfecture pour obtenir des solutions pérennes », a affirmé Julien Colin.