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Je vous emmène en balade à la Cour Saint-Jacques

Aujourd’hui je vous emmène en balade à la Cour Saint-Jacques.

Derrière la Cour Saint-Jacques et sous nos pieds : la collégiale Saint-Jacques et son hôpital disparu

Au XIVe siècle, la plupart des notables de Blois résidaient dans la « Grand Rue », aujourd’hui connue sous les noms de rue Porte-Chartraine et rue du Commerce. Cette rue suit le tracé du cardo maximus romain, axe nord-sud originel, débutant dans le quartier de Vienne et se prolongeant jusqu’au pont antique du Ier ou IIe siècle (en bois à 9 piliers), remplacé plus tard par le pont médiéval, nommé « pont Saint-Louis ».

Traversant la ville du nord au sud, de la Porte Chartraine aux Ponts Chartrains, cette voie est fréquentée quotidiennement par les pèlerins venant de Paris ou Chartres en direction de Saint-Jacques de Compostelle. À Blois, ils ne trouvent aucun lieu pour se reposer durant leur voyage et s’installent alors de manière improvisée sous les porches des maisons ou aux carrefours des rues, souvent malades et affamés. Certains bourgeois de la ville, émus par leur situation, décident de leur offrir un refuge dans deux maisons proches, avec l’approbation de l’évêque de Chartres et le soutien financier de Louis de Châtillon, Comte de Blois. Un collège de chanoines est fondé sous le patronage de Saint-Jacques, et ces bâtiments, construits entre 1362 et 1397 durant les règnes de Charles V le Sage et Charles VI le Fol, sont rapidement convertis en église et hôpital pour fournir les soins nécessaires aux marcheurs.

Du côté du château se trouve l’hospice, à l’angle de la rue du Commerce et de la rue Porte-Côté, et en face, de la « Cour Saint-Jacques », l’église, à l’angle de la rue du Commerce et de la rue Denis Papin. Six chanoines administrent l’ensemble, à la tête d’une confrérie de laïcs, espérant racheter leurs péchés en aidant les pèlerins. L’hôpital possède même son propre cimetière, situé au nord de l’église.

En 1511, sous le règne de Louis XII, le cimetière est supprimé et transformé en une place nommée « Le puits du quartier », qui accueillera le « marché au beurre » jusqu’au milieu du siècle dernier. La fontaine actuelle, initialement située dans la Cour Saint-Jacques, est déplacée au nord de la collégiale, alimentée par l’eau non potable du Gouffre. Sa particularité réside dans sa position bien en contrebas de l’actuelle rue Denis Papin, offrant une perspective sur le niveau de la chaussée pavée du XVIe siècle.

L’époque est marquée par un événement catastrophique: l’Arrou, un cours d’eau canalisé traversant la ville et aujourd’hui entièrement recouvert par la chaussée, déborde et se transforme en un torrent violent. La nuit suivant la Saint-Martin d’hiver, le 11 au 12 novembre 1512, une crue exceptionnelle provoque d’importants dégâts, détruisant le pavé jusqu’à cinq pieds de profondeur et emportant les grosses pierres soutenant les maisons. Le chapitre et le trésor de Saint-Jacques sont fortement endommagés, entraînant l’effondrement des voûtes et la submersion des documents importants, l’eau atteignant le grand autel. Plusieurs maisons s’effondrent, entraînant la mort de nombreuses personnes et d’animaux.

« La nuit d’après la Saint-Martin d’hiver survinrent si grande quantité d’eaux qui entrèrent par la Porte-Côté, qu’elles dégradèrent le pavé jusqu’à cinq pieds de profondeur (1m50) et emportèrent les plus grosses pierres qui soutenaient les maisons. Elles entrèrent par des goulets qui soutenaient le Chapitre et le Trésor de Saint-Jacques en force, si bien que les-dits Chapitres, voutes et Trésors s’effondrèrent et que la cassette qui contenait les titres et enseignements fût submergée, l’eau montant jusqu’au grand autel… »

Les chanoines

Cette catastrophe est cependant mineure comparée aux dégâts subis par la collégiale Saint-Jacques le 12 février 1568, durant les guerres de Religion, lorsque les troupes protestantes de Condé ravagent l’église. Les voûtes sont brisées, les tombeaux renversés, les cloches fondues, les meubles sacrés profanés et les statues mutilées, avec un pillage massif des richesses.

À la fin du XVIIe siècle, le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle perd de son importance, entraînant le délaissement et la dégradation des bâtiments. Les chanoines désertent et sont finalement intégrés à la cathédrale Saint-Louis. L’hôpital, laissé à l’abandon, devient un lieu de débauche, fréquenté, dit-on, par les femmes de petite vertu (« Là se faisaient moult paillardises et lubricités…« ).

Blois guide Sylvie Rey

Face à cette dégradation, l’évêché abandonne définitivement les lieux à la ville. L’église Saint-Jacques et l’hôpital sont démolis entre 1698 et 1700 pour laisser place à des habitations et des commerces. Aujourd’hui, des vestiges de l’ancien hospice, tels que des arcs et des voûtes, sont encore visibles dans des boutiques de la rue du Commerce et dans certains immeubles privés.

Sources : Histoire de Blois (Bernier) – Histoire de Blois (Chavigny) – Blois insolite et méconnu (Sauvage-Nourrisson) – Histoire de Blois (Bergevin-Dupré) – Site du patrimoine région Centre. Remerciements à Christophe Benoit pour sa publication de 2020 et dédicaces spéciales à Alexis Rennela, habitant la Cour St Jacques qui en connaît les détails, les secrets et les objets insolites et qui a gentiment poussé les portes pour nous.

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